Spéléologie

MONTAGNE DE LA SERANNE (3)

Photo : Vue méridionale du massif du Roc du Midi - Sauvie. La falaise altière du Roc du Midi domine le village de Saint-Jean de Buèges.

 

 

PAYSAGE

GEOLOGIE

HYDROGEOLOGIE

SPELEOLOGIE

CAVITES

   

 

GEOLOGIE

 La région des Grands-Causses dont la montagne de la Séranne constitue le rempart méridional se développe dans les séries sédimentaires déposées durant la période Jurassique (70 millions d'années, -200 et -130 M.A.).

 « Situé à l'est du domaine caussenard, non loin de la zone du seuil cévenol le massif de la Séranne "est installé dans un  fossé dont les failles limites sont à peu près parallèles à son grand axe et à peu près parallèles entre elles" (E. Coulet)

Elle présente une série stratigraphique presque complète du Trias moyen jusqu'au Jurassique Supérieur avec cependant quelques lacunes notables intéressant le Lias et le Bajocien.  Peu emergé au crétacé il n'est concerné par ces terrains que par contact au nord-nord-est avec le Jurassique au niveau de la faille des Cévennes. Il est représenté à Brissac (Plaine des Caizergues) par le valanginien marno-calcaire.

Les sédiments du Jurassique d'une épaisseur de 1500 à 2000 mètres y sont, comme pour l'ensemble des Grands-Causses divisés en trois ensemble lithologiques bien distincts, de la base au sommet:

- Le Lias calcaire (60 à 300 m d'épaisseur) : Il comprend des dolomies et calcaires oolithiques. Il affleure surtout dans la vallée de la Buèges.

- Le Lias marneux, importante unité de marnes noires et de calcaires marneux à ammonites pyriteuses qui forme parfois sur plus de 200 m d'épaisseur les talus caractéristiques du soubassement des causses est pratiquement inexistant ici.

Il n'affleure que très localement et sur une faible épaisseur au niveau du col d'Arboras et sur les lèvres occidentales du massif entre Saint-Jean de Buèges et le Mas des Prats.

- Le Jurassique moyen et supérieur calcaire (Dogger, Malm), ensemble de 800 à 1200 m d'épaisseur constitue l'ossature principale des Grands-Causses. Il est caractérisé à sa base par de massives barres de calcaires oolithiques et de dolomies (Bathonien-Bajocien) formant les belles corniches visibles sur le pourtour du Larzac. Réduit sur la Séranne à sa plus simple expression il n'est visible qu'au col d'Arboras où l'on note l'absence du bajocien.

HISTOIRE STRATIGRAPHIQUE:

Son évolution paléogéographique débute au Cambrien comme l'ensemble des régions avoisinantes.

EVOLUTION DE LA SEDIMENTATION :

AU TRIAS

La première transgression qui recouvre l'ensemble de la région se manifeste au Trias (225 millions d'années) Transgression et régressions s'achèvent par des dépôts argilo-évaporitiques a gypse au Trias sup-Lias Inf.

AU JURASSIQUE LIAS

Au Lias (195 à 175 M.A) les transgressions marines reprennent et déposent des sédiments carbonatés côtier à marin ouvert.

Au Carixien, une phase régressive durant laquelle se dépose des marnes, s'achève au Domérien supérieur (-178 M.A)

La sédimentation de type vasière littorale reprend ensuite au Toarcien et se poursuit au Dogger.

AU JURASSIQUE - DOGGER et MALM

Au Dogger-Malm, début de la phase anté-athonienne qui voit le rejeu des failles préxistantes du socle (Faille de Saint-Bresson). Une ride sous-marine NNE-SSW correspondant à a zone faillé de la Vis permet l'apparition d'une zonation dans la sédimentation et d'édifices réciformes sporadiques. La sédimentation est carbonatée dans un domaine d'eaux profondes.

Quelques lacunes concernent notamment le Lias et le Bajocien ainsi que la présence de surfaces corrodées prouvent l'existence de mouvements pendant la sédimentation. Au Kimméridgien inférieur (Séquanien) des sédiments en discordance sur des paléoreliefs se déposent. Au Portlandien la mise en place des faciès récifaux (Tithonique) se poursuit sur la flexure . A l'ouest de celle-ci nous sommes dans un domaine de plate-forme interne peu profonde et à l'est dans une vasière externe.

Dans le domaine du récif, la faible épaisseur de la tranche d'eau se traduit par des émersions localisées et caractérisées par du micro-karst colmaté et des remaniements du matériau.

AU CRETACE

Le Berriasien (141 M.A) est transgressif sur les paléo-reliefs récifaux du Jurassique et concordant en dehors des zones failles. Les dépôts du crétacé sont plus marneux ; calcaires à la base puis constitués par des alternances de marnes et de calcaires en bancs.

Après l'Hauterivien (118 M.A) la mer se retire définitivement de la région à la suite des mouvements verticaux (Phase de distension Mésozoîque). Une phase de compression fini crétacé de direction NW à EW engendre un rejeu vertical de 3 à 500 et l'emersion des terrains mésozoîques. La karstification commence à s'établir.

LE MATERIEL SEDIMENTAIRE :

DESCRIPTION DES TERRAINS

TRIAS supérieur et Rhétien. marnes bariolées et dolomies

Les dépôts du Trias matérialisés par des marnes bariolées avec gypses et cargneules alternant avec des grés sont pratiquement inexistants à l'affleurement. Dans la vallée de la Buèges ils apparaissent cependant sous forme de giclées localisées (Mas des Prats La Gypière, Le Méjanel). Cet ensemble est cependant très tectonisé et difficilement reconnaissable.

Au sud-sud-ouest du massif, au niveau du cirque de Saint-Privat - Les Salces et sous le col d'Arboras et le bois de la Sourde il est par contre facilement reconnaissable. Il se présente ici, notamment au niveau de la "Plâtrière", sous la forme de blocs hectométriques basculés de 20 à 35° vers l'ouest - nord-ouest.

JURASSIQUE INFERIEUR (LIAS) HETTANGIEN. Dolomie cubique, marnes

Conséquence de l'érosion ou de lacune de sédimentation (phase anté-bathonniennes l'épaisseur de l'ensemble est très réduite par rapport à l'ensemble des Grands-Causses et dépasse ici rarement les 50 m.

L'Hettangien dont la puissance totale atteint 200 dans les Grands-Causses et qui comprend trois épisodes sédimentaires est cependant reconnaissables par secteur sur la Séranne :

- L'Hettangien inférieur, représenté par un calcaire gris en bancs noduleux (faciès dit : de Partlages)

- L'Hettangien moyen, sorte de dolomie se débitant en petit cubes connus sous le nom de "dolomie cubique" riche en lits argileux et concrétionnements algaires.

- L'Hettangien supérieur, au sommet de l'ensemble présente des marnes compactes à cassure conchoïdales alternant avec des lits argileux à débris végétaux (Brachyphyllum et Thinnfeldia).

Les dolomies cubiques qui surmontent le Trias et sur lesquelles reposent directement les dolomies bathoniennes constituent notamment la série sub-horizontale visible sur la ceinture de l'avancée caussenarde de la Séranne entre Saint-Pierre de la Fages et Les Salces (Saut de la Lauze, plateau de….  ). Dans la vallée de la Buèges, entre Pégairolles et Brissac il apparaît au niveau de la faille des Cévennes où il se trouve en contact avec le l'Oxfordien Supérieur (Rauracien) et le Kimméridgien-Portlandien (Le Méjanel, St Jean de Buèges, Mas Alexandre, Monteils, Nicouleau).

 

 

 

 

 

 

SINEMURIEN. Calcaires. (N'apparait pas sur le massif?)

CARIXIEN.MARNO-CALCAIRES

Ces deux étages peu différenciables apparaissent sous formes de giclées en partie masqués par des éboulis dans la vallée de la Buèges (Pech Redon, Mas des Prats, Mas de la Croix, Bévieures,

Ils se présentent sous la forme d'un ensemble de marno-calcaires argileux micritiques … patine brune. Leur niveau supérieur (Sinémurien) correspond à des calcaires riches en débris organiques, Bryozoaires et Polypiers (Combe-Belle). Leur épaisseur ne dépasse guère les 40 m.

DOMERIEN-TOARCIEN

Quelques apparitions des shistes carton du Toarcien au Sud de Saint-Jean de Buèges au niveau de la confluence Buèges-Garrel ainsi qu' à Saint-André de Buèges

JURASSIQUE MOYEN (DOGGER) : AALENIEN, BAJOCIEN, BATHONIEN, CALLOVIEN

L'Aalénien noduleux, micritique et en banc décimétrique s'observe sous la forme d'une bande NNE-SSW entre Saint-André de Buèges et Saint-Jean à la base particulièrementà la base du Caussounel.

Dans la vallée de la Vis entre Madiéres et Gorniés il est surmonté par le Bajocien (très réduit) et le Bathonien. Ce dernier, constitué de dolomies grises ou rousses avec parfois intercalation de bancs de calcaires graveleux ou oolithiques gris clairs à beige, à patine blanche forme les lignes de falaises bien visibles sur la rive droite de cette vallée, au col d'Arboras (Bergerie en bord de route) et dans le prolongement de ce dernier au Val Durand. Sa surface est intensément corrodée et ferrugineuse.

Le Callovien (Marno-calcaires noirs) apparaît essentiellement se dans la vallée de la Vis où il se distingue assez bien. Il surmonte le Bathonien déterminé par un petit replat caractéristique. Peu épais et dolomitisé par secteur

JURASSIQUE SUPERIEUR (MALM) : OXFORDIEN, KIMMERIDGIEN, PORTLANDIEN

C'est par excellence le grand ensemble dominant du massif qui débute par l'Oxfordien (Rauracien-Séquanien) Il s'agit dans l'ensemble de calcaires en petits bancs sub-lithographiques, bruns verts à brun foncés formant un net talus dans la morphologie. On y observe quelques passées dolomitiques (monts de Saint-Guilhem).

L'ensemble Rauracien-Séquanien atteint plus de 250 m d'épaisseur selon les secteurs du massif (mont Saint-Baudille).

Le Kimméridgien (Séquanien) essentiellement représenté par une alternance de bancs calcaires sub-lithographiques décimétriques se distingue nettement par sa richesse en Polypiers, Lamellibranches et débris d'Echinodermes.

Le Kimméridgien supérieur (ancien "Kimméridgien" des auteurs) se différencie du Kimméridgien inférieur par l'intercalation entre les deux niveaux d'un banc à Térébratules ou de conglomérats.

Il est essentiellement constitué de calcaires lithographiques, brun rosé, en gros bancs bien lités formant une falaise ruiniforme ou des reliefs très lapiazés (Les Euzes, Grenouillet, Borie d’Arre)

Le passage au Portlandien est souvent souligné par un niveau à chailles ramifiées, disposées en lits et formant une petite vire.

Le Portlandien (Tithonique) : Ce niveau de calcaires massifs zoogénes présentent différents faciés sédimentologiques particulièrement bien représentés sur le massif.

 Faciés de Plate-forme externe : Faciès de type pélagique (Tithonique à Céphalopodes de F. ROMAN, 1897). Immédiatement au-dessus de la falaise du Kimméridgien supérieur, la stratification redevient nettement apparente et les bancs, relativement minces, forment un replat dans la morphologie. Ce sont des calcaires micritiques beiges, à chailles fréquentes, prenant parfois le faciès de brêches de re-sédimentation.

Les microfossiles que l'on y distingue sont essentiellement des Radiolaires et Globochaete relayés, au Portlandien supérieur, par des Tintinides (Calpionella alpina, Crassicolaria parvula, Tintininopsella carpathica).

Faciès de Pente Externe : Faciès de type hémipélagique. Les faciès pélagiques de plate-forme externe passe latéralement, de façon insensible, à des calcaires plus clairs, plus massifs, très bioclastiques, contenant encore des fossiles de type pélagique, mais également de plus en plus d'organismes à caractère récifal (Polypiers variés et généralement à l'état de débris, Dasycladacées remaniées, Diceras, Nodophthalmidium,...). Ils renferment également des chailles et des passées dolomitiques.

Ce faciès est particulièrement concentré au nord-est du massif, sur le versant dominant les plaines de Ganges et des Caizergues, entre Ganges et Brissac.

Faciès de Barriére : Faciès de type récifal (Tithonique coralligéne). A leur tour, les faciès de pente externe passent latéralement vers l'ouest à des calcaires bioclastiques blancs, massifs, très lapiazés, où abondent les coraux en position de vie, ainsi que les Diceras et Dasycladac‚es, alors que les Céphalopodes et les Calpionelles deviennent très rares.

C'est de loin le plus représenté sur le massif ou il occupe une superficie de plus de

Faciès de plate-forme interne : Faciès de type arrière récif. Ils constituent en alternances complexes de niveaux de calcaires blancs, graveleux, bioclastiques ou lithographiques, grossièrement stratifiés, très riches en organismes benthiques : Nérinées, Diceras, Foraminifères, Dasycladacées,

Stromatolites, Oncolites, rares Polypiers. Les figures de sédimentation, très fréquentes, témoignent de conditions hydrauliques très changeantes et d'émersions locales temporaires. On y rencontre également de minces couches de dolomie primaire, finement laminée, et des flaques de brêches à cailloux noirs à cachet purbeckien. Ces formations d'épaisseur très variable, peuvent atteindre 600 mètres.

Ce faciès occupe le sommet du Roc Blanc ainsi que son versant nord au-dessus de la plaine des Euzes., Il se retrouve en divers autres points du massif les plus élevés : La Coupette, roc du Midi, Peyre-Martine etc..