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 La grotte de la Clamouse et son contexte 

 

Par Daniel CAUMONT (*)

Au-delà de la grande butte constituée par la Montagne de la Séranne et en contrebas de son éminence méridionale la plus importante (Pic Saint-Baudille, Alt : 848 m) un chevelu de ravins temporairement actifs (Rouvignou, Les Combes, Font de Griffe etc..) découpent en petits appendices isolés [voir photo] la retombée Sud des Monts de Saint-Guilhem. Le massif des Plos, gauchi par l'érosion se raccorde à cet ensemble qui change brusquement de morphologie au niveau de la Combe de Valloubière. La Grotte Résurgence de la Clamouse, dont une partie des galeries richement concrétionnées sont ouvertes au public depuis 1964 constitue le débouché d'un important réseau hydrogéologique issu du Larzac Méridional. Ce dernier intéresse les Monts de Saint Guilhem parce qu'il y trouve sa résurgence et que quelques possibilités spéléologiques propres à ce massif restent encore possibles. Ce réseau dont le tracé théorique issu du secteur  [voir image] de La Vacquerie [voir image] en fait une percée de 17 Km pour 700 m de dénivelé est le plus important actuellement connu des Grands Causses. L'exploration de ce réseau à partir des Monts de Saint-Guilhem en l'occurrence à partir de la Grotte de la Clamouse permet une progression relativement faible par rapport à la distance désignée par les nombreuses expériences de coloration réalisés par les spéléologues (PALOC, MARTIN, GOUZES, CAUMONT, SALMON).

Cette grotte qui présente 2 grands systèmes de galeries, l'un mio-pliocène et l'autre plio-quaternaire ne permet pas de remonter au-delà des 2 Km 500 de galeries reconnues dans son réseau supérieur. Ceci s'explique d'une part du fait que cette cavité est une propriété privée soumise à une exploitation commerciale et que tous travaux qui pourraient y être conduits pourraient déboucher à la découverte d'une deuxième entrée, ce qui n'est pas souhaitable pour des raisons bien compréhensible de protection.

1) La source de la Clamouse

Commune de Saint-Jean de Fos

Cette source (delta de sortie de plusieurs griffons alignés le long de l'Hérault sur 110 m de long) s'ouvre en rive droite de l'Hérault, 500 m en amont du Pont du Diable en contrebas de l'entrée de la Grotte de la Clamouse et de l'autre côté de la route St-Jean-de-Fos - Saint-Guilhem-le-Désert.

Les Exutoires Pérens sont au nombre de 3 :

Source No 1 : Cette source est situé environ 2 m au-dessus du niveau d'étiage de l'Hérault et 100 m environ en amont du moulin ruiné et à la cote de 47 m. En période de moyennes eaux elle se divise deux petits griffons distants d'une dizaine de mètres. Son débit à l'étiage est de 15 l/s.

Source No2 : 4m au-dessus du niveau d'étiage de l'Hérault, 80 m en amont du moulin ruiné. Son débit d'étiage est de 10 l/s.

Source No3 : Elle est situé à 1 m environ sous le niveau d'étiage de l'Hérault, 75 m en aval du moulin ruiné, à la cote 44 m. Son débit varie de 10 à 15 l/s.

Les Exutoires Temporaires :

Le premier situé au pied du porche d'entrée de la grotte et 5 m en contre bas jaillit d'une zone de fracturé. Le deuxième masqué par des éboulis est situé une vingtaine de mètres en amont et peut selon les crues se répartir en deux griffons. Le troisième est constitué par l'orifice naturel de la grotte c'est à dire par le vaste porche "oblique et noir" qui crève la paroi rocheuse de la falaise au-dessus de la route de Saint-Guilhem. Le débit moyen de l'ensemble estimé à 50 l/s peut passer à plus de 5 m3/s lorsque le porche de la grotte, trop plein du conduit inférieur du système, vomit à grand fracas dans la vasque qui lui sert de réceptacle. On l'a vu quelques fois sauter la route... Lors de la mise en charge de l'orifice de la grotte, la montée de la nappe ennoie la  partie la plus basse des galeries empruntée  par la piste du public.  Il devient impossible alors d'atteindre la Salle du sable par le trajet classique. La visite se fait tout de même par l'emprunt de l'entrée supérieure. 

Le système ne se met en charge qu'après de fortes précipitations réparties sur plusieurs jours dans le secteur du village de La Vacquerie au-delà du Pic Saint-Baudille. Celles-ci se manifestent 48 h après au minimum. Le puits du Drac, près de Montpeyroux, situé sur le trajet du réseau sert  de trop plein [voir photo]au système notamment lorsque le niveau des crues atteint la côte de + 98 m environ (niveau supérieur de la salle du Sable) dans la cavité. Le débit passe alors à une dizaine de mètres cubes pour l'ensemble, ce qui important mais normal compte-tenu de la superficie drainée.

2) La grotte de la Clamouse

Rive droite de l'Hérault - Lieu dit "Moulin de Clamouse" 

Commune de Saint-Jean de Fos

C'est la plus importante cavité des Monts de Saint-Guilhem. Elle développe environ 4000m de galeries. La grande galerie supérieure longue de 1200 m dont les dimensions peuvent atteindre dix mètres sur dix est colmatée par un important éboulis. Il est généralement admis que la cavité se poursuit au-delà de cet obstacle qui incite les convoitises des spéléologues. La direction générale de ce réseau très concrétionné, dont les 900 m aval sont aménagés pour le tourisme, est gossièrement orienté selon un axe Est-Ouest (entre Jurassique Supérieur et Jurassique Moyen). Quelques accidents à tendance nord-sud, qui laissent découvrir un très beau miroir de faille situé au-dessus de l'entrée artificielle de la grotte affectent sa terminaison Est. Un système de galeries inférieures de section modeste, par lequel s'effectue l'apport des eaux souterraines vers la résurgence, immergé en crue, se développe parallèlement au réseau principal mais avec un léger décalé vers le Sud-Ouest. Son développement est de 350 m environ. Son creusement s'est essentiellement produit en régime noyé ce qui explique la morphologie de ses galeries labyrinthiques dans lesquelles la progression est difficile. Celles-ci sont comparables au labyrinthe aval de la Grotte-Exsurgence du Garrel à Saint-Jean de Buèges. Ces galeries représentent une phase d'évolution plus récente de la grotte (plio-quaternaire) liée au creusement du lit mineur de l'Hérault et à son enfouissement dans le massif. 

Son entrée est un porche elliptique (8 m x 5m) qui s'ouvre dans une petite falaise [voir photo] dominant la route le long d'une belle faille séparant les dolomies bathoniennes au Nord, des calcaires lithographiques du Jurassique supérieur au Sud. C'est cet accident important qui se prolonge au-delà de l'Hérault vers le Causse de Puéchabon, qui semble guider le développement de la cavité en direction du Sud-Ouest c'est à dire vers le Trou du Drac situé prés de Montpeyroux. Au bas de ce porche, un bassin aménagé autrefois pour les besoins d'une usine de Verdets dont on remarque les bâtiments de l'autre côté de la route, sert de réceptacle pour les eaux souterraines qui à grand fracas jaillissent de ce dernier lors des crues importantes. L'escalade (2) du porche donne dans une galerie diaclase Nord-Sud rectiligne d'une vingtaine de mètres de long coupée par un ressaut de 4m souvent occupé par une profonde laisse d'eau. Au-delà le conduit subvertical bifurque sur la droite et conduit au bout de quelques mètres au bord d'un siphon. C'est ce dernier qui a été franchi durant la sécheresse de l'été 1945 par une équipe du Spéléo-Club de Montpellier (3). Au delà de cet obstacle dont le point bas est situé à la côte -20 la galerie remonte par un dédale de passages étroits et labyrinthiques pour déboucher à la côte +4 dans la partie aménagée du circuit aux touristes dans laquelle on pénètre actuellement par un tunnel artificiel. La galerie d'assez bonnes dimension (5m x 4m) et déchiquetée descend ensuite vers un nouveau point bas pour accéder dans la salle du Sable (Salle baptisée Gabriel Vila). Cette salle de forme irrégulière est recouverte d'une épaisse couche de sable fin; on y voit le niveau maximum atteint par les crues ainsi que les premières concrétions de la cavité.

En hautes eaux les galeries décrites jusqu'à ce niveau sont impraticables. Cette salle, dont le point bas se situe à la même cote que le porche d'entrée de la cavité, se prolonge en hauteur vers un énorme chaos pour donner accès à une successions de salles; continuité évidente d'un ancien et unique conduit orienté sur plus de 1Km 500 vers le Sud-Ouest en direction du Puits du Drac.

Vers la côte + 37, la partie aménagée emprunte une bifurcation de la cavité vers le Nord Est au bout de laquelle un tunnel de 120 m de long ramène les touristes à la surface après un parcours de 900 m. Des passages concrétionnés (Le Couloir Blanc, Le Cimetière, La Méduse etc..) parmi les plus beaux que l'on puisse rencontrer sous terre ornementent cette partie de la cavité qui se développe parallèlement au versant du massif des Plos. En reprenant l'axe de la galerie principale et au sommet de cette dernière la cavité se poursuit par une galerie diaclase importante. Au bout de 250 de parcours à travers salles concrétionnés et décors fantastiques on atteint un important accident correspondant probablement au franchissement d'une des nombreuses failles NNE-SSW qui hachurent ce secteur du massif. A ce niveau, un magnifique réseau supérieur accessible par une forte pente donne accès à un système de galeries très proches de la surface et au "Balcon" site remarquable dont le concrétionnement rappelle le Cimetière de la partie aménagée. Toujours dans ce même axe, le réseau se prolonge en direction de la grande et vaste galerie du Niagara Rouge, cascade pétrifiée de calcite scintillantes et immaculée à la couleur ocre de l'oxyde de fer.

Quelques centaines de mètres plus loin la galerie imposante (15 m x 10 m environ) au sol calcité et plat s'arrête net face à un colossal effondrement. C'est l'éboulis terminal objet des frustrations les plus intenses de générations de spéléologues qui se sont succédés à cet endroit. De la voûte qui semble avoir tranché net par un cisaillement brutal descendent enchevêtrés d'énormes blocs. Certains sont couverts et soudés par la calcite et paraissent être plus anciens que d'autres aux arêtes saillantes issus du recoin nord de l'éboulement. Un léger courant d'air parcours l'ensemble et quelques interstices permettent de s'insinuer d'une trentaine de mètres en longeant grossièrement la paroi Nord (4).

NOTES :

(1) D'autres part, il n'est pas assuré compte tenu de certains paramètres d'ordre karstique et topographique qu'un prolongement du même type soit découvert au-delà de cet effondrement. Une étude réalisée sur ce sujet et dont nous sommes l'auteur montre que les possibilités sont précaires.

Une faille N.N.E.-S.S.E. en décrochement semble être à l'origine de cette rupture. Un décalage dextre ou senestre (à préciser) ou même en faille normale a probablement déplacée cette dernière. L'importance de l'érosion (aplanissements, ravins) dans ce secteur du massif des Plos et la proximité de la surface (-70 à -30) laisse peu de chances pour qu'un prolongement du même type soit trouvé.

(2) La Grotte de la Clamouse étant une propriété privée (Société Gabriel VILA). Il est conseillé de respecter les conditions de visite de cette cavité.

(3) Cette découverte à valu à ce club en 1947 le prix Martel de Spéléologie.

(4) L'examen de cet édifice qui montre un porte à faux important au niveau d'un énorme bloc calé contre la bordure supérieure de la galerie pourrait être vidangé. Mais que réserve une telle entreprise et que peut on espérer derrière...?.


QUELQUES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 

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